ONDINE Vase - L'Étreinte des Algues

Le vent marin porte cette odeur salée jusqu'à mon atelier. Mes doigts effleurent cette surface où la douceur mate du corps rencontre l'éclat satiné des algues. Un murmure d'eau qui coule, un contraste de textures qui raconte l'histoire des marées.

 

Ce matin de juillet, l'air était lourd d'humidité Vendéenne. J'entendais le ressac au loin, ce rythme hypnotique qui berce mes journées. L'argile blanche reposait sur l'établi, fraîche sous mes paumes. Cette envie irrésistible m'a saisie : capturer le mouvement des algues, ces rubans verts qui ondulent dans les profondeurs.

La croûteuse a ronronné doucement en étirant la terre en plaques régulières. Mes mains ont guidé chaque courbe, façonnant d'abord le ventre généreux du vase avec le moule. L'estèque a poli la surface, créant cette rondeur parfaite qui invite au toucher. Puis, mes doigts ont sculpté les trois ailettes, ces extensions organiques qui semblent défier la gravité.

Le façonnage a pris une heure et demie d'attention pure. Chaque ailette façonnée avec patience, modelée comme une algue qui danse. Le silence de l'atelier, troublé seulement par le crissement doux de l'estèque contre l'argile humide.

Quinze jours de séchage dans la douceur de l'été. Puis la première cuisson, cinquante-huit heures de patience pendant que le four montait à 1050°. Cette odeur si particulière de la terre qui se transforme... Enfin, le pinceau chargé d'émail transparent mat sur le corps, laissant apparaître cette couleur naturelle de faïence. Et ces touches de Patina, ce vert mystérieux qui rappelle les profondeurs marines, appliquées au pinceau sur chaque ailette. La finition satinée accroche la lumière différemment selon l'angle.

Seconde cuisson. Nouvelle attente de cinquante-huit heures. Quand mes mains l'ont soulevée du four, j'ai senti cette plénitude. Deux kilos de poésie marine, lourde et rassurante.