VÉRA - La lanterne végétale - « Lueur d’Éveil »

L'histoire de cette pièce
 

C’était un matin de juin, la lumière douce filtrait à travers la fenêtre de l’atelier. L’odeur de la faïence blanche, encore fraîche, m’a enveloppée. Mes mains se sont plongées dans la terre lisse, fraîche comme la rosée. J’ai découpé, modelé, patiemment, chaque plaque façonnée à la croûteuse, chaque alvéole creusée à la mirette, chaque bord affiné au couteau de potier. Le silence n’était troublé que par le frottement de l’outil sur la matière, le souffle régulier de ma respiration.

Après le façonnage, Véra a patienté sous plastique, enveloppée dans un cocon humide pour ralentir le séchage. Trois ou quatre jours ainsi, à l’abri des courants d’air, pour que la terre garde toute sa douceur. Puis, doucement, je l’ai laissée respirer à l’air libre, surveillant la température, l’humidité, la caressant du regard chaque matin. Parfois, l’été, je la glisse dans une boîte humide pour prolonger ce temps de maturation. Quinze jours, parfois plus, pour que chaque millimètre sèche à cœur, sans craqueler, sans précipitation. La patience est une caresse invisible.

Véra a ensuite traversé la courbe de cuisson, cinq jours de chaleur et de lenteur, du four à la patience. L’odeur de la terre cuite, chaude, presque sucrée, a envahi l’atelier à l’ouverture du four. Puis, elle a reçu son bain d’émail Verde Pique, une teinte profonde, végétale, déposée par trempage. La brillance s’est révélée à la seconde cuisson, offrant à la lanterne cette lumière unique, ce toucher lisse et frais, cette sensation d’objet précieux et vivant. Quand je la prends en main, son poids rassure, sa surface invite à la caresse, et chaque alvéole laisse filtrer un peu de rêve.